Une explication s’impose, le « powerfishing » est une méthode de pêche qui permet de prospecter de manière rapide. On bombarde littéralement l’eau pour chercher le poisson actif. Dans le fond, c’est du lancer/ramené pour lequel la vitesse de récupération peut varier sur une animation plutôt linéaire. J’ajoute parfois quelques petits coups de scion pour faire accélérer le leurre.
Le leurre qui a fonctionné est le Power Tail de 44 mm pour 8g dans sa couleur argenté (« silver glitter »). C’est un petit leurre de métal constitué d’une palette en guise d’appendice caudale qui le fait onduler. J’ai eu un succès fou sur les truites mouchetées avec dans sa version plus petite. Je me suis dit qu’il allait être parfait sur la truite grise. Il a toutefois fallut attendre que les eaux se réchauffe un peu et que les truites s’activent. Les endroits considérés pour ce réservoir et pour lesquels nous avons trouvés des grises sont généralement associés à des spots à brochets, soit une profondeur relativement faible d’un maximum de 4m.
Le Power Tail a été malmené par les touladis, dont le poids variait entre 5 et 10lbs environs, soit des poissons de 50 à 80 cm. À savoir, qu’il n’est pas impossible de faire un poisson beaucoup plus gros (>20 lbs). Les truites grises sont des poissons puissants, comme des tracteurs avec une mâchoire plutôt dure. Si c’était à refaire je changerai les hameçons pour du plus costaud, mais dans la même taille. Non pas qu’ils étaient de mauvaise qualité, plutôt qu’ils n’étaient pas adaptés à ce que je leurs demandaient de faire. Il faut faire des erreurs dans la vie pour apprendre. C’est arrivé qu’elles ouvrent le triple. Ceci étant dit, le Power Tail a été un leurre qui m’a fait prendre beaucoup de poissons et de taille respectable, un vrai aimant à salmonidés. Que ce soit le touladi, la ouananiche ou encore l’omble de fontaine, ils n’y résistent pas.
Il est étonnant de voir à quel point les grises sont puissantes et ce ne sont pas les plus grosses qui vous donnent forcément du fil à retordre. En effet, des poissons de 50 cm peuvent être très difficiles à ramener. Comme je le disais, la défense du touladi n’est pas super nerveuse, mais très puissante et si il décide de ne pas venir il va prendre du fil. À l’inverse, la ouananiche ou saumon d’eau douce est très nerveuse et très puissante en plus de ça. Ce dernier, va vous faire des sauts, du secouage de tête et prendre du fil, un vrai achigan sous stéroïdes. Peu importe l’espèce, l’animation qui les faisait réagir à coups sûr consistait à faire du lancer/ramené en intégrant quelques petits coups de scions. Par contre, j’ai essayé d’autres couleurs et je n’avais plus une touche, donc nous étions en présence de poissons sélectifs qui se focalisent sur un type de proie et rien d’autre. Cela arrive très souvent, dans les pêches nordiques que j’ai eu l’occasion de pratiquer c’est un fait qui revient souvent, même pour du brochet.
Ces truites et/ou saumon ont particulièrement appréciés les vibrations occasionnées par le Power Tail. C’était l’autre portion de la clé pour attraper du poisson. Mon collègue pêchait avec un « crankbait » qui fonctionnait très bien aussi, donc encore une fois le déplacement d’eau important et nerveux permettait de conclure.
Nous étions dans un endroit d’exception avec une population de poisson hallucinante, sur un plan d’eau d’une taille démesurée. Nous avons été capable de nous en sortir et de faire du poisson en sélectionnant les endroits qui selon nous réchauffaient plus vite donc peu profond (baie, proximité d’ilot…). Cela nous a permis de tirer notre épingle du jeu. Il aura tout fallut s’adapter, prospecter et se remettre en question en permanence, donc oui nous avions l’avantage d’être dans un coin de pays sauvage où le poisson est réputé facile, il faut tout de même faire son travail de pêcheur !