– Philippe – Ambassadeur depuis 2013 –
La pêche, cet art, ce sport pouvant se pratiquer d’une manière des plus simple avec un bout de fil et un hameçon, peut vite devenir selon notre niveau de pratique, complexe avec, entre autre, l’avènement ces dernières années de nouvelles technologies. Certains attrapent beaucoup de poissons, d’autres moins, mais à quoi cela est-il du?
Les plus novices attribuent le fruit de leurs résultat au facteur chance, d’autres se rendant un peu plus au bord de l’eau comprennent qu’il faille aussi une technique et trouver le pattern, tandis que les experts ajoutent à ces facteurs chance (minime) et technique, un aspect psychologique.
J’entends là déjà rire mais amis…la psychologie, le mental à la pêche ? Pfffff LOL !
Et pourtant, combien de fois me suis-je retrouvé au bord de l’eau et à ne plus croire en ma pêche, à lancer mon leurre mécaniquement sans y mettre aucun espoir. Gros coup de mou, de désespoir, je n’attraperai rien, c’est certain. Pourtant, sur le même poste, avec le même matériel mais en étant dans un état d’esprit différent, la pêche aurait été toute autre…
Je reste persuadé que pour notre passion, comme dans tous les autres sports d’ailleurs, la force mentale est un facteur indéniable et une clé de la réussite. C’est ce point là, ô combien délicat, que je vais tenter d’aborder à travers cet article.
La force mentale regroupe beaucoup de choses et l’expliquer brièvement est assez difficile. Ses qualités sont le sacrifice et l’abnégation. Mais aussi et surtout, la force mentale est associée à une volonté parfaitement disciplinée qui refuse d’abandonner. C’est un état d’esprit qui amène par exemple à ne pas renoncer surtout quand nous sommes dans le dur.
Alors de quelle manière et comment un pêcheur qui utilise sa force mentale fera la différence ?
Les bons pêcheurs sont des calculateurs. J’entends par là qu’ils utilisent leurs fonctions cognitives comme un ordinateur. La majorité des personnes, et c’est d’ailleurs ce qui est loin d’être valorisant pour notre passion, pensent qu’à la pêche on se repose, on se vide l’esprit à travers une absence de réflexion.
Or il n’en est rien, du moins lorsque nous voulons mettre toutes les chances de notre coté pour réussir. Le (bon) pêcheur effectue des calculs complexes qui mettent en œuvre des opérations mentales, plus précisément cognitives :
• La Vista. C’est la capacité à traiter la bonne information, à voir l’ouverture. Là où le commun des mortels voit du génie, cette capacité, souvent assimilée au feeling, découle d’un traitement de l’information parfaitement automatisé. Par exemple, le pêcheur aura cette capacité de savoir, suite à l’analyse et la juxtaposition rapide des éléments extérieurs (température, vents, milieu, période…) que le poisson à de grandes chances de se tenir ici et non là bas. Un pattern, surement gagnant, en découlera naturellement.
• Les images mentales. Elles sont gravées dans notre esprit. La mémoire des sportifs (et donc celle des pêcheurs !) fonctionne comme une bibliothèque d’une exceptionnelle richesse. Chaque événement laisse le plus souvent de façon non consciente une trace dans le système nerveux, et cette trace est prête à être activée, pour peu qu’une situation identique ou analogue se présente. Il vous faut donc vivre différentes expériences. Vous avez galéré à trouver un pattern dans une anse envahie de potamots et divers herbiers lors d’une chaude soirée estivale ? Vous vous souviendrez quelques années plus tard, lorsque vous retrouverez les mêmes conditions, que la combinaison gagnante était d’utiliser un leurre translucide, non lesté, en l’animant très lentement. Vous avez alors fait appel à votre mémoire pour réutiliser les informations afin de mettre en place un schéma d’action bien précis et surement gagnant.
• La concentration. La difficulté est d’avoir sur la durée une concentration extrême qui nous fixe sur un objectifs unique, réussir sa traque, et d’ignorer tout ce qui est étrangé à cet objectif. C’est un peu comme entrer dans un état second. Combien de fois ai-je eu les pieds gelés, le visage frigorifié, les vêtements trempés mais quelque chose me disait d’insister malgré l’absence totale d’activité. Cette persistance a souvent payée en ramenant de jolis poissons. Il faut donc faire preuve d’insistance.
Maintenir cette vigilance permet aussi de nous appliquer sur nos gestes, comme l’animation de notre leurre, l’idée étant de maintenir cette application tout le long de notre sortie.
Enfin, cette concentration nous permet de détecter les signaux et d’anticiper le jeu de notre adversaire : laisser tous nos sens en éveil pourra par exemple nous faire repérer une chasse un peu plus loin en surface en plein bouillon.
Le mental joue donc un rôle à part entière dans notre passion. A l’instar d’un Messi ou d’un Zidane, les plus grands pêcheurs ont cette capacité à mettre en éveil et à développer toutes leurs facultés cognitives pouvant les aider dans leur traque.
Alors oui, croire en son leurre aura réellement un impact sur notre pêche. Simplement parce qu’en étant persuadé de notre réussite, on sollicitera différemment notre vista, nos images mentales et notre concentration, ce qui permettra d’améliorer notre action de pêche.
Croire en ses rêves…
Relâchez vos prises…
Phil