ÇA SENT LA VIANDE POURRIE, LE VOYAGE D’UNE VIE
Un bien drôle de nom pour un article de pêche. Une explication s’impose. Je suis parti au Nunavik (GRAND Nord québécois) pour le travail, une étude à faire sur le poisson et la végétation. La rivière sur laquelle nous travaillons se nomme la Puvirnituq, qui en en inuktitut, la langue des Inuites, signifie « ça sent la viande pourrie » (information wikembolesque). Ça a l’air de vous plaire? Passons à l’acte! Je n’ai jamais été aussi haut dans le nord et j’ai démarré une tradition, celle de me baigner dans les endroits que je visite. Pour vous donner un exemple, la ville où je réside est située grossièrement au niveau du 48e parallèle (3199 km du Groenland), jusqu’à ce jour le plus au nord où je m’étais baigné était le 54e parallèle (2343 km du Groenland). Ce record est battu aujourd’hui puisque je viens de me baigner au niveau du 60e parallèle (1763 km du Groenland). Pas sûr que j’irais beaucoup plus haut, à voir.
Ce coin de pays est juste hallucinant, un endroit gouverné par les nains et les géants. En effet, vous pouvez aussi bien admirer les ours polaires que les plantes lilliputiennes que sont les draves. Un pays où aucun arbre ne pousse et où tout est plus vieux qu’ailleurs. Des paysages lunaires où ne cessent de circuler les magnifiques caribous. C’est aussi un endroit où la mort est présente en permanence. En effet, partout des ossements qui rappellent un environnement rigoureux et le cycle de la vie, où certains sont mangés par d’autres.
Le poisson recherché est l’omble chevalier (Salvelinus alpinus) que les Inuites nomment « Iqalukpiq ». Il y a également la possibilité de sortir de la truite grise (Salvelinus namaycush) appelée aussi touladi ou encore cristivomer. J’avais une bonne expérience avec la grise que j’avais capturée en quantité au réservoir Caniapiscau grâce à mon Power Tail. Je me suis basé là-dessus pour l’omble chevalier. La plupart des salmonidés ont des modes de vie complexe, je reste persuadé qu’ils n’ont pas fini de nous surprendre et de nous apprendre. En effet, pour une même espèce a un même endroit, on peut avoir des migrateurs qui vont en mer et qui reviennent en eau douce, des migrateurs qui restent en eau douce, des résidents qui ne migrent pas, des formes naines, des adaptations a certains environnements, ça, c’est sans compter la possibilité d’hybride et j’en passe. Vous l’aurez compris cette grande famille est plus difficile à cerner qu’il n’y paraît.
Je pense que je l’ai déjà écrit dans un autre article, mais ce n’est pas ma grande passion les salmonidés, j’aime pas les trucs après quoi tout le monde cours, mais je le reconnais c’est tout de même des poissons passionnants et extrêmement combatifs. C’était une section d’article complètement inutile juste faite pour combler entre deux photos, attendez la suite.
Pour la localisation du poisson, je m’étais fait une idée à tester. Je me suis dit qu’un seuil suivi d’une fosse était un bon point de départ. Je m’attendais aussi à des poissons très agressifs qui sautent sur tout et n’importe quoi. Je m’explique, des poissons aussi nordiques ont une période de dégel très courte et une période de glace très longue. Dans ma petite tête, je m’étais imaginé que les poissons seraient très actifs pour profiter pleinement de cette courte période de belles températures. Je m’étais trompé et j’avais sous-estimé la capacité de la nature à bien faire les choses !
C’est des poissons d’eau froide, vivant avec d’autres animaux (comprendre proie ou prédateur potentiel) d’eau froide, voilà ce qu’il fallait comprendre. Donc oui il y a des périodes d’activité intense, d’autres moins, voire même des moments où ça ne mord pas. Ça peut suivre de manière intense avec des refus tout aussi intenses. Tu peux présenter ta boite au grand complet sans rien prendre tant qu’ils n’ont pas décidé. Dans les leurres que j’ai utilisés, le Power Tail 44 en 8 ou 12g a été le plus efficace et régulier pour prendre du poisson. Dans les moments de forte activité, ce n’était pas battable. Le seul point auquel faire attention, le coloris, le Black Gold était très productif. Cette couleur imite a la perfection un petit omble chevalier, cannibalisme quand tu nous tiens.
Les autres coloris du Power Tail 44 mm et 64 mm qui ont bien fonctionné sont le Gold Rush et le Rainbow Warrior. Les autres leurres qui ont permis de conclure lorsque le poisson restait mâchoire fermée sont des cuillères argent et orange très lourdes. Sur les pêches en light dans les cours d’eau de moindre importance une cuillère tournante noire et orange avec une mouche sur l’hameçon ou encore de petits poissons-nageurs sont incontournables et ont fait des merveilles. Si vous n’avez pas encore compris, le orange semble être un coloris incontournable!
Je ne sais pas si vous savez, mais rendu a ces latitudes, la diversité est plutôt limitée. Le régime alimentaire de ces poissons est constitué d’invertébrés (scarabée, larves en tout genre, éphémères) et des quelques espèces de poisson présentent qui a ma connaissance sont des petits ombles chevalier, des petites truites grises, ainsi que quelques chabots. Probablement que si un lemming cherche à traverser une rivière ce sera une proie potentielle. Ça ne fait pas beaucoup de choix pour survivre dans ces conditions extrêmes. Nous avons d’ailleurs croisé un crustacé d’eau douce plutôt surprenant. C’est un invertébré que les ombles chevaliers mangent et qui ressemble à une mini limule.