Partie 2
1471 km
Nous arrivons à New Richmond, notre tente est plantée non loin de l’embouchure de la Petite Cascapédia, une des nombreuses rivières à saumon et à truite de mer de la Gaspésie. La grande sœur de cette rivière est la Cascapédia, connue mondialement pour la grosseur de ses saumons, avec des records autour de 55 lb, mais ceci fera l’objet d’un autre article. Pour le moment, notre focus est entièrement dédié au bar rayé et à une espèce que je n’ai jamais pêchée, la plie canadienne.
Nous demandons où trouver des magasins de pêche afin de quêter des spots de pêche et de l’information sur le bar rayé et la plie. Malheureusement, pour cette première fin de journée, ils sont fermés, nous devrons donc nous fier à notre instinct. En route, nous avons repéré un petit pont avec une mise à l’eau à l’embouchure de la Petite Cascapédia. Des piles de pont, du courant, des roches, la marée monte, tout ça semble prometteur. En arrivant au stationnement, nous lisons une pancarte explicative sur le bar rayé, c’est très encourageant, la confiance est à son comble. Plusieurs pêcheurs sont installés près du pont et semblent lancer des cuillères ondulantes, mais aucun poisson. En discutant avec l’un d’eux, nous apprenons qu’ils pêchent la truite de mer, qui remonte vers les cours d’eau. Pour ceux et celles qui se posent la question, la truite de mer ici, c’est l’omble de fontaine dans sa version anadrome. Après quelques lancers, nous avançons plus dans l’eau et le premier bar rayé est touché. Quel combattant puissant, il a été séduit par mon Crazy Sand Eel 150. Un magnifique poisson dont la taille est estimée à 70 cm.
Le bal est lancé
Après un premier bar rayé plutôt respectable, nous les enchaînons et c’est le défilé. J’en sors un autre avec le même leurre, mais plus petit cette fois. Et je n’aime pas ça, il a engamé creux. Pas de panique, je décroche le leurre à l’aide de ma pince en laissant le plus possible le poisson dans l’eau. Pourquoi je précise que je l’ai laissé dans l’eau, tout simplement parce que j’ai vu énormément de monde échouer leur bar rayé sur la plage et le traîner dans le sable. C’est une mauvaise pratique qui peut grandement nuire au poisson remis à l’eau. Utilisez une épuisette s’il le faut, mais ne le traînez pas sur le sable et ne le gardez pas hors de l’eau trop longtemps. Il arrivera toujours qu’un poisson engame le leurre profondément et que ses chances de repartir soient diminuées, mais de bonnes pratiques et une bonne manipulation du poisson permettent de limiter les dégâts et de pratiquer une remise à l’eau dans les meilleures conditions. Nous ne sommes pas parfaits et il nous arrive à tous de faire une erreur, mais il faut en retenir la leçon et nous améliorer.
Lorsque j’ai enlevé mon leurre de la gueule de ce bar, je l’ai brisé. Pas de problème, le Black Minnow 120 couleur marron pailleté monté sur une tête plombée shore de 12 g fonctionne très bien aussi.
Je crois qu’il est temps que je vous parle de notre sélection de leurres et du poste que l’on a pêché pour cette première session. Ce premier spot est relativement peu profond, environ 2 m, plutôt encombrés sur le fond, et les eaux sont cristallines. Ces caractéristiques nous ont forcés à n’utiliser que des leurres relativement légers ramenés en linéaire pour les Black Minnow et à la volée pour les Crazy Sand Eel, donc peu ou pas de contact avec le fond. Nous avons eu la chance de pouvoir pêcher la fin de la marée montante et le début de la descendante, un point important qui devrait guider les pêcheurs de bar rayé.
Observation : Les cuillères ondulantes utilisées par les pêcheurs de truite de mer autour de nous n’ont en rien intéressé les bars rayés.
Au tour de ma douce
Comme je ne suis pas galant, j’ai sorti les premiers poissons, mais je me suis vite fait remettre à ma place. En présentant son leurre autour des piles de pont, Rox ne tarde pas à mettre au sec un superbe bar rayé qui aura le droit à un bec avant d’être retourné à son élément. Je suis toujours fasciné par la débrouillardise dont elle fait preuve pour une personne qui débute. Elle fait ses propres montages, manipule le poisson par elle-même et a les bons réflexes. En bref, je l’admire! Les leurres qu’elle a utilisés pour cette session étaient d’abord des Black Minnow 90, qui n’ont pas semblé intéresser nos chers bars rayés. Elle a monté en taille pour des Black Minnow 140 de couleur rose ou bleu-gris avec des têtes plombées shallow de 10 g. À partir de cet instant, elle n’était plus arrêtable.
Tavernier, une scoliose s’il vous plaît !
Voici un bien mauvais jeu de mot comme je les aime. « Tavernier », on parle du bar… rayé, vous voyez? Bon voilà un phénomène que l’on retrouve à l’occasion chez les poissons. Comme nous, ils peuvent souffrir d’une malformation de la colonne vertébrale qui sera de travers ou ondulante. C’est un peu spécial lorsque l’on capture un poisson avec ce genre de particularité.
Conclusion : Pêche et animisme
Non je ne partirai pas sur le débat des croyances et superstitions de pêcheur… Non, nous n’avons pas parlé aux dieux pour qu’ils nous aident dans notre quête…Non, nous n’avons pas dansé autour du feu pour flatter une quelconque divinité océanique… NON… et comme disait le prophète Jimmy Hendrix « Cause I’m a Voodoo Child ».
Nous avons donc établi les conclusions de ce premier essai gaspésien, discuté stratégie pour les prochains jours et monté de nouveaux leurre (avec une colle de merde). Nous avons aussi posé de nouvelles questions autour d’un bon repas de turbot mariné, de saucisson aux avelines et d’un sacrifice de concombre et de chou fleur. Bref, la vie est parfois clémente !
La suite de notre quête au prochain épisode !