Coureux de calvettes
Pêche de la truite dans les petits ruisseaux canadiens
Une calvette, c’est un tuyau de taille variante, de petit à de quoi passer un véhicule dedans. Ça sert à faire circuler l’eau d’un ruisseau généralement pas assez large pour faire un pont. Ces ruisseaux peuvent être des habitats propices à l’omble de fontaine. Ne connaissant pas le secteur, nous décidons de tenter notre chance à chaque calvette que nous croisons.
Les endroits où sont placées les calvettes sont souvent des secteurs peu profonds qui obligent à utiliser des leurres qui ne sont pas creux. J’ai opté pour le Power Tail dans sa petite version (33 mm) et d’une série de petits poissons nageurs.
Il faut présenter différentes actions de nages, si l’on veut que cela continue à mordre. En effet, les truites deviennent méfiantes, surtout lorsque l’on en a piqué une. L’idée est de leur proposer un leurre d’une nage complètement différente. Ainsi, déjouer les mouchetées qui sont devenus « éduquées » dirons-nous.
Le plus souvent, le ruisseau n’offre qu’une petite fosse exploitable. Parfois, cette fosse renferme une bonne quantité de truites, d’autres fois ce sera un brochet ou encore un gros rien… C’est une pêche de découverte, d’aventure même. Il est bien évident que ce ne sont pas dans ces conditions que nous allons trouver un monstre. C’est une pêche de plaisir, si l’on arrive à oublier les maringouins, les forteresses d’aulnes ou encore la possibilité de croiser un ours.
Une petite anecdote de pêche… À plusieurs calvettes j’avais été attiré par une odeur, disons particulière… Ça sentait la moufette. Pour nos amis européens, la moufette c’est le putois. Bref, je trouve que l’odeur n’est pas si intense, il y a peut-être une moufette qui est passée plus tôt. Je n’en fais pas de cas.
À un autre moment, je tombe sur un plan de gadeliers, un genre de groseille. Super, j’adore ces petits fruits. Premier constat, ces gadelles ont des poils. Bizarre, ça ne m’arrête pas. Au gout, c’est pas terrible, pas immangeable, mais bon, pas de quoi casser trois pattes à un canard. J’en parle à mon collègue et après recherche, il me dit que c’est le gadelier qui sent la moufette. C’est une odeur caractéristique de cette plante, on l’appelle aussi le gadelier malodorant ou en anglais « skunk currant » ou encore « fetid currant ». Ça pouvait ben pas être terrible…
J’aime ce type de pêche, c’est dynamique, il y a une part d’inconnu, de découverte qui m’attire. Ces nombreux ruisseaux que l’on croise sur la route et où personne ne s’arrête, car ils n’ont l’air de rien. On se dit souvent que probablement, ça va être l’enfer de pêcher là-dedans. Ce dernier point est intéressant, car généralement ce sont des pêches où il faut être précis. C’est une bonne école pour lancer précisément en fait. En effet, il faut effectuer des lancers entre deux branches d’aulne, quelques centimètres de travers et on risque de perdre son leurre dans une branche.
Le matériel que j’utilise c’est une canne UL en 4 brins qui me permet de lancer des leurres de 1 à 10 gr. J’ai un moulinet 1000 avec une tresse de 2 lbs de résistance. Pour les restes, je fais des bas de ligne en fluorocarbon de petit diamètre relativement long. Pas d’agrafe, je fais des noeuds. La récupération est très saccadée, mais de faible amplitude et assez rapide. L’inclinaison de la canne dépend de l’espace disponible autour de moi.
En attendant le retour des belles et longues journées, préparez votre matériel, pour qu’à nouveau vous puissiez déjouer les ruses de nos chères truites !