Voici un exemple de mauvaise manipulation. Ce n’est pas la pire, mais la position verticale du poisson, même tout seul perdu à l’autre bout de la planète, est à proscrire. Soutenez son ventre (deuxième point d’appui).
Que ce soit une ligne de conduite personnelle (éthique) ou le respect de la législation (tailles limites de capture), le pêcheur doit effectuer de bonnes pratiques de remise à l’eau du poisson qu’il ne conserve pas. Pourquoi effectuer une bonne manipulation du poisson avant sa remise à l’eau?
- Favoriser la survie du poisson après la capture;
- Éviter de se blesser en manipulant le poisson.
Cet article ne fait pas état de tous ce qu’il faut faire et ne pas faire, vous pourrez sûrement partager des méthodes que vous utilisez. Voyez le comme une partie de l’iceberg.
DOIGTS DANS LES YEUX : NE PAS FAIRE !
Pour des raisons évidentes, cette méthode est à proscrire dans le but de remettre le poisson à l’eau. Je me rappelle la première fois où j’ai entendu parler de cette manière de prendre un poisson, c’était une émission de pêche dont l’animateur est un moucheur québécois célèbre. Il vantait les mérites de tenir un brochet par les yeux.
Pour avoir vu des brochets qui ont été tenus de cette manière et dont les yeux étaient renfoncés dans leurs orbites, voire même crevés, je ne crois pas que le rendre aveugle soit une bonne pratique. Donc on la bannit tout de suite de nos saines pratiques.
TENUE PAR LA MÂCHOIRE INFÉRIEURE UNIQUEMENT : FAIRE ATTENTION
Méthode très connue des pêcheurs pro d’achigans dont on voit très souvent les photos. Cette méthode consiste à mettre en tension la mâchoire inférieure en plaçant le corps du poisson à l’horizontale. Vous pouvez défoncer ou luxer la mâchoire du poisson.
Cette méthode est principalement utilisée avec les poissons n’ayant pas ou ayant de toutes petites dents comme l’achigan, la lotte, le bar rayé ou encore le malachigan. Je privilégie le plus que je peux l’utilisation de deux points de retenue pour les plus gros spécimens.
Soutenir le poisson avec un « Boga grip » (regarder sur le net si vous ne connaissez pas) ou directement par l’hameçon. Ces deux points sont à bannir selon moi, trop de découpage de mâchoire inférieure.
DEUX POINTS DE RETENUE : À FAIRE
Voici la méthode que je préconise pour la prise de photos. La tenue du poisson à deux points, particulièrement pour les grands spécimens. Il y a deux variantes à cette méthode :
- Une main au niveau de la tête (soit par les opercules, soit par la mâchoire inférieure) et l’autre au niveau du ventre.
- Une main qui tient la base de la queue et l’autre sous le ventre.
Pour les poissons avec dents, nous privilégions souvent de placer les doigts derrière l’opercule (faire attention à ne pas écraser les branchies, ces rayons rouges que vous voyez).
Ce magnifique doré abitibien a été épuiseté et le leurre décroché directement dans l’épuisette. Le poisson est donc resté dans l’eau tout le temps de la manipulation. La prise de photos a été faite avec deux points de retenue.
LA MAIN SOUS LA BEDAINE : À FAIRE
Pour les plus petits spécimens, il est possible de les tenir avec une seule main sous le ventre. Toujours pour faire la prise de photos rapide.
Un petit bar rayé capturé à pied. La photo a été prise avec le leurre dans un premier temps, puis le leurre a été retiré en baignant le poisson dans l’eau.
GARDER LE POISSON HORS DE L’EAU : FAIRE ATTENTION
Nous sommes dans un contexte de remise à l’eau, il est tout à fait normal de vouloir garder un souvenir de nos prises. Toutefois, il faut faire attention à ne pas garder le poisson hors de l’eau trop longtemps. Eh oui, grande nouvelle, la respiration de la plupart des poissons se fait dans l’eau. Le point est assez facile à comprendre, vous n’avez qu’à penser à vous même respirant sous l’eau. Et là je ne parle pas de garder sa respiration, les poissons n’ont pas cette capacité.
Donc la prise de photos se fait rapidement et de manière à ne garder le poisson hors de l’eau que le minimum de temps nécessaire, soit quelques secondes.
EXPOSITION AU FROID : FAIRE ATTENTION
Pour les amateurs de pêche blanche, l’exposition au froid peut être mortelle pour un poisson. La prise de photos devra être excessivement rapide voir annulée. Il est important de comprendre que sous la glace, le poisson va chercher une température de l’eau avoisinant les 4°C, si vous sortez le poisson hors de l’eau et dans des froids extrêmes, il va passer à une température de -30°C et moins très rapidement et en étant trempé. Il va geler extrêmement rapidement, ce qui sera particulièrement dangereux pour les yeux et les branchies.
Encore une fois, laissez-le dans le trou le plus possible et dans l’eau pour éviter qu’il gèle, retirez l’hameçon à ce moment là. Certains se font des viviers dans la glace, ce qui est une bonne idée. Il s’agit de creuser la glace de façon à créer un bac de retenue d’eau qui peut être recouvert pour éviter qu’il gèle. Le poisson est amené rapidement dans ce vivier où il est possible de le manipuler plus facilement.
ÉPUISETTE PROFONDE : À FAIRE
Voilà un outil indispensable que les pêcheurs de maskinongé ont compris depuis longtemps. Dans un bateau, une épuisette profonde permet de conserver le poisson dans l’eau malgré le fait que l’on soit plus haut. La prendre le plus large possible permet de rentrer de gros poisson, mais surtout d’être à l’aise pour travailler et enlever l’hameçon.
Une fois l’hameçon retiré, laissez le poisson dans l’épuisette le temps que votre partenaire prépare l’appareil-photo. Ne le sortez que lorsque tout est prêt!
LES BONS OUTILS : À AVOIR
J’ai déjà parlé de l’épuisette profonde très utile en bateau, mais aussi lors de pêche à pieds.
Le deuxième outil indispensable est la pince pour décrocher les hameçons. J’ai longtemps utilisé de grandes « longnoses ». Cela reste une très bon outil, mais depuis un peu plus d’un an maintenant j’utilise des pinces « Baker » (voir photo ci-dessous). Ces pinces ont plusieurs avantages comparativement aux « longnoses », notamment la section qui pince est plus petite, ce qui permet de mieux travailler dans les endroits exigus. De plus, un ressort est installé dans la poignet, ce qui permet de garder la pince ouverte si l’on relâche. Son coût est très abordable et pour le moment elle ne rouille pas, malgré une utilisation en milieu marin.
Des pinces coupantes sont aussi un indispensable. En effet, ce type de pinces permet de couper les pointes d’hameçon dont on a oublié d’écraser l’ardillon et que l’on a de planté dans la main ou encore piquer dans les branchies. Couper la pointe et notamment l’ardillon, permet de repasser en chemin inverse l’hameçon sans pour autant aggraver la situation.
Utilisez des pinces plates pour écraser vos ardillons! N’attendez pas que l’hameçon soit planté dans votre bras, doigt, œil, nez… pour vous dire « j’aurais dont du écouter Makwa Fishing! »
Les pinces Baker, un outil de choix pour enlever l’hameçon efficacement.
LES BLESSURES : ACCEPTATION DES RISQUES
Nos amis les poissons vivent dans un monde féroce où mère nature a donné à certains des armes particulièrement efficaces pour se nourrir ou encore se défendre. Que ce soit une main qui glisse dans la gueule d’un brochet où vous vous lacérez les doigts sur ses dents, que ce soit une canine de doré qui s’accroche à votre pouce et vous le tranche en deux ou encore les rayons épineux d’un bar rayé ou d’un achigan qui se plantent dans votre main, il n’en reste pas moins que vous venez de lui planter un hameçon dans la gueule.
Prenez votre douleur sur vous, remettez le à l’eau rapidement et traînez-vous une trousse de premiers soins.